Soudan
Au moins vingt paysans ont été tués au Darfour par des hommes armés, selon un chef de tribu alors qu’ils revenaient sur leurs champs après plus de 15 ans d’absence dictée par les violences tribales persistantes dans cette province de l’ouest du Soudan.
Ces paysans, les propriétaires originaux de ces terres, avaient été autorisés à y revenir, au terme d’un accord conclu il y a deux mois sous l‘égide du gouvernement entre ces propriétaires et ceux qui s’y étaient installés durant le conflit au Darfour, qui avait éclaté en 2003, selon le chef tribal.
“Aussi beaucoup de familles sont venues pour cultiver leur terre. Mais vendredi, des hommes armés sont arrivés et ont ouvert le feu sur (les paysans), tuant vingt d’entre eux, dont deux femmes et des enfants”, a affirmé samedi à l’AFP Ibrahim Ahmad, joint par téléphone depuis Khartoum.
L’attaque a également fait 20 blessés, a-t-il ajouté, précisant que comme certains d’entre eux étaient dans un “état grave”, le bilan des morts risquait de s’alourdir.
La tuerie a eu lieu dans le lieu-dit d’Aboudos, à 90 kilomètres au sud de Nyala, la capitale du Darfour-Sud, une région où les paysans cultivent principalement du sorgho et du sésame.
Des années d’absence
“Nous sommes rentrés vendredi pour cultiver nos champs car c’est la saison des pluie. En raison de la violence qui y régnait, nous n’y étions pas revenus depuis 16 ans, mais nous pensions que c‘était fini”, a affirmé à l’AFP un des survivants, joint par téléphone.
“Des hommes armés sont alors arrivés à bord de véhicules de quatre directions différentes et ont ouvert le feu, tuant sur le coup 14 d’entre nous. Six sont décédés ensuite à l’hôpital”, a précisé cet homme qui n’a pas voulu être identifié pour des raisons de sécurité.
“Les bédouins veulent nous forcer à quitter nos terres, cultivées par nos ancêtres depuis des décennies”, a-t-il ajouté.
La guerre civile au Darfour, qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts et 2,5 millions de déplacés selon l’ONU, a baissé d’intensité depuis la chute du président Omar al-Béchir en avril 2019 et un accord en janvier dernier entre le gouvernement et une coalition de neuf groupes rebelles.
Mais une violence endémique demeure en raison des conflits relatifs à la terre, selon un expert de la région.
“La question de la terre”
“La question de la terre est l’une des causes du conflit et elle demeure car durant la guerre, les paysans ont fui leurs terres et leurs villages pour aller dans des camps, et des nomades les ont remplacés et s’y sont installés”, a affirmé à l’AFP Adam Mohammad.
Les tensions entre tribus arabes et africaines au Darfour remontent à 2003. A cette date a débuté un soulèvement d’insurgés de minorités ethniques s’estimant marginalisées contre le régime d’Omar el-Béchir, aux mains de la majorité arabe. Les fermiers du Darfour sont d’origine africaine et les nomades d’origine arabe.
Début juillet, des centaines de Soudanais avaient manifesté dans l’Etat du Darfour-Centre (ouest), appelant le gouvernement à assurer la sécurité de leurs propriétés après plusieurs meurtres et pillages, selon des témoins.
Des hommes armés non identifiés avaient tué trois agriculteurs près de la ville de Nertiti, située au Darfour-Centre, provoquant la colère des habitants qui dénoncent l’insécurité sévissant dans la région.
Le sang avait coulé aussi en mai dans l’Etat du Darfour-Sud où 30 personnes avaient été tuées lors de heurts meurtriers après un vol de bétail, entre des membres de deux communautés rivales, la tribu arabe al-Raziqat et la tribu africaine al-Falata.
AFP
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